Le retard du secteur maritime en matière de normes de rejet à l’atmosphère fait du contrôle de ces émissions polluantes un enjeu environnemental et sanitaire majeur. Afin de disposer de données tangibles sur les niveaux de polluants générés par la flotte maritime Française, une équipe de recherche de l’ESTACA a été missionnée par l’ADEME pour lancer dès le mois de septembre 2019 le projet CAPNAV (Caractérisation des émissions de particules fines des navires). Étalée sur 3 ans, cette étude permettra de quantifier les émissions polluantes générées par le transport maritime afin de proposer, à terme, des solutions techniques et de nouvelles normes règlementaires pour réduire les émissions.
CAPNAV : un projet ambitieux qui répond à un enjeu environnemental et sanitaire majeur
Les polluants issus de la navigation tels que les oxydes de soufre ou d’azote ainsi que les émissions de particules fines comptent parmi les plus nocifs. Ils sont à l’origine de maladies cardiaques et respiratoires qui entrainent des décès prématurés chez les habitants des régions côtières.
Le projet CAPNAV, piloté par l’équipe de recherche QUAD (Qualité de l’Air et Dépollution) de l’ESTACA, et soutenu par l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME) vise à apporter des réponses à cette problématique.
Dès le mois de septembre 2019 et durant 36 mois, les enseignants-chercheurs de l’école d’ingénieurs appliqueront sur des navires une méthodologie de mesure des particules fines proche de celle mise en œuvre dans les secteurs automobile et aéronautique.
Pour Benoit Sagot, enseignant-chercheur à l’ESTACA et animateur de l’équipe QUAD « les résultats obtenus au terme des 3 années de recherche permettront à l’ESTACA et à l’ADEME de définir un système de mesure visant à obtenir des données fiables et répétables concernant les émissions particulaires des navires ; ce système et le protocole de mesure associé pourront par la suite être utilisés comme une référence dans le domaine du contrôle des émissions en particules fines ».
Un système de mesure testé sur des navires opérés par les armateurs Brittany Ferries et Pen Ar Bed
Plusieurs armateurs français ont répondu favorablement à l’initiative portée par l’ESTACA et l’ADEME. La compagnie bretonne Penn Ar Bed (navires utilisant du gasoil marine), ainsi que la compagnie maritime Brittany Ferries, spécialisées dans le transport de passagers, sont partenaires de l’expérimentation. Ils accueilleront à bord de leurs navires les enseignants-chercheurs de l’ESTACA, mais aussi ceux de l’École Nationale Supérieure Maritime de Nantes (ENSM) et de l’IMT Atlantique Bretagne-Pays de la Loire qui sont associés au projet, pour réaliser les mesures nécessaires.
C’est la première fois que sera mise en place une instrumentation embarquée qui permettra de quantifier les émissions en temps réel et de donner accès à un grand nombre de paramètres sur les particules fines émanant des manœuvres des bateaux en état de marche ou amarrés en zone portuaire. Des capteurs appliqués à même la cheminée des navires permettront d’estimer les émissions particulaires à la source. Parallèlement, les équipes de recherche pilotées par l’ESTACA mesureront l’impact des émissions sur la qualité de l’air à bord des navires.
Enfin, deux solutions de réduction des émissions polluantes seront évaluées dans le cadre de ce projet : l’ajout d’additifs dans le gasoil marine et l’utilisation du Gaz Naturel Liquéfié (GNL).